Premières leçons de lecture

Voici quelques « petits trucs » pour essayer d’organiser au mieux les premières séances de lecture où les élèves sont amenés à combiner les sons et lire des syllabes. En classe entière, pas facile de savoir qui a bien réussi à déchiffrer ! Alors, comment faire ?

Les premières leçons de code

Les trois premières leçons où l’on étudie les sons [a], [i] et [o] et leurs graphèmes a, i/y, o, ne posent pas de problèmes particuliers puisqu’elles sont souvent une révision des sons voyelles étudiés en GS.

On prend alors le temps de revoir ou poser les bases de l’apprentissage de la lecture :

  •  Se repérer dans la page du manuel ou du fichier d’exercice (en haut, en bas, à droite, à gauche, sur, sous, au-dessus de, en dessous de,…).
  • Intégrer le sens de la lecture et de l’écriture de gauche à droite.
  • Comprendre les consignes (colorie, entoure, coche, relie, colle,…).
  • Dénombrer les syllabes d’un mot et repérer le son étudié parmi ces syllabes.
  • Repérer rimes et syllabes d’attaque.
  • Mémoriser les mots des leçons et associer ces mots à des images mentales.
  • Distinguer le nom et le son de la lettre et comprendre que lire n’est pas deviner.
La première leçon de combinatoire

les-premieres-lecons-lecon-sA partir de la quatrième leçon, où le premier son consonne est étudié, on entre « dans le vif du sujet » ! La « combinatoire » est introduite avec, d’emblée, la syllabe directe (sa, so, si,…) et la syllabe inverse (as, os, is,..) d’où la nécessité d’avoir bien acquis le sens de la lecture.

Les premiers mots outils à mémoriser (il y a, un, une) sont indispensables pour lire les premières phrases.

Enfin, et c’est un pas essentiel à franchir, l’enfant doit s’affranchir de l’illusion que la lecture est une récitation ou une devinette, et apprendre à ne s’en tenir qu’à ce qu’il voit et entend. Ne pas dire : « Maman a un bébé. » Lorsque l’on voit l’image de la maman qui porte son bébé mais déchiffrer : « Maman a un as. »

J’ai choisi de passer 4 jours sur cette leçon qui pose les bases de la lecture.

Affiches de sons

Jour 1 : on découvre le phonème [s] à travers une comptine ou un chant saturé du son, on le distingue de sons proches (s/z ou s/ch), on apprend à le prononcer correctement, à l’écrire en cursive sur l’ardoise puis sur le fichier d’écriture, à le repérer dans les syllabes des mots et l’on acquiert un bagage de mots courants où il se répète (lecture de la page de gauche du manuel et écriture de la lettre sur l’ardoise te dans le fichier d’écriture) ;

Cartes sons

Jour 2 : on introduit la combinatoire avec les cartes des sons et le « jeu de l’ascenseur  » au tableau. On apprend à écrire sa, si, so et as, is, os en cursive sur l’ardoise et l’on décrit explicitement comment les lettres s’attachent ou s’enchaînent (lecture de la fiche de son, les syllabes sur la partie de gauche, et fichier d’exercices, page de gauche).

Jour 3 : la classe est divisée en deux groupes hétérogènes pour venir successivement en regroupement au tableau, pendant que l’autre moitié colorie la page de L’abécédaire à construire correspondant aux quatre écritures de la lettre s. Les deux groupes se succéderont au tableau pour lire les phrases du manuel, composées de mots à déchiffrer, de mots-outils et d’images :

Il y a un garçon assis.

Un chien a un os. Il y a un os.

Maman a un as.

Après plusieurs lectures individuelles par différents enfants, je change les images (garçon devient ourson, chien devient cochon, maman devient papa) et nous relisons cette nouvelle version. On peut aussi insérer des images qui aboutiront à des phrases absurdes, ce qui fait beaucoup rire les enfants et leur fait comprendre que la phrase a un sens (lecture de la page de droite du manuel et fichier d’exercices, page de droite, exercices 5 et 6).

Mots outils

Jour 4 : On reprend le « jeu de l’ascenseur » au tableau, suivi de la dictée de syllabes directes et inverses. Puis on revoit les mots à déchiffrer de la leçon (as, os, assis) qui sont écrits en cursive au tableau et auxquels on fait correspondre les images. On termine par une lecture des phrases de la fiche de son recopiées au tableau :

Il y a un os.

Il y a un as.

Il y a une tasse.

Une fois lues, on peut jouer à « je montre, tu lis » afin que l’enfant ne récite pas ces phrases par cœur, mais soit toujours capable de segmenter les mots : un élève va montrer un mot, un autre le lit (lecture de la fiche de son en entier, fichier d’exercices, page de droite, exercices 7 et 8).

Maitresse

Prendre son temps, c’est selon moi poser les bases d’un apprentissage afin que de bonnes habitudes soient prises. C’est aussi être explicite à chaque étape de l’apprentissage de la lecture comme de l’écriture : il faut penser à expliquer tout ce que l’on fait lorsqu’on lit, tout ce qui entre en jeu dans notre démarche. Le maître peut le faire mais aussi les élèves qui ont déjà compris le fonctionnement de cet apprentissage : dès qu’un enfant a su lire un mot, on lui demandera d’expliquer comment il a fait pour le déchiffrer.

Pour ces premières leçons où toute l’attention de l’élève est requise, je crois qu’il est préférable de diviser la classe en deux : en petit groupe, tous les enfants sont au maximum de leur attention et participent de manière active à la phase de recherche. En groupe classe, au contraire, le petit élève de CP, encore peu mature, se sent « noyé dans la masse » pour peu qu’il soit timide ou réservé ; se sentant oublié, il se mettra à rêver, et ne sera plus du tout attentif. On aura alors appris à lire à ceux qui le savent déjà ! A ceux qui n’ont pas besoin du maître pour évoluer car leur envie est si grande qu’elle les portera très rapidement vers des déductions, anticipations et hypothèses, leur faisant construire seul ce savoir et ces compétences.

Je dois donc donc aller chercher les élèves les plus timorés ou les moins mûrs : en petit groupe, ils viennent d’eux-mêmes et se sentent rassurés car ils voient que l’on prête attention à eux et qu’on les sollicite sans arrêt. On peut penser que l’on va passer deux fois plus de temps à la séance de découverte que si elle s’était déroulée en classe entière, je ne le crois pas : d’une part, en petit groupe, on n’est pas sans cesse obligé de s’interrompre pour reprendre tel élève qui n’écoute pas ou tel autre qui intervient sans lever la main et « donne toutes les réponses ». Une ambiance calme et attentive s’établit plus facilement et l’on ne perd pas de temps à « recadrer ». D’autre part, c’est deux fois que chaque élève va entendre la même leçon et cette répétition est loin d’être inutile, car le groupe qui est en train de colorier les quatre écritures de la lettre dans L’abécédaire à construire n’a pas les oreilles bouchées ! Il écoute et observe avec une grande attention ce que l’autre groupe est en train de découvrir au tableau. On connaît bien ce phénomène dans les classes à double-niveau.

Enfin, en petit groupe, il est beaucoup plus facile de rendre chaque enfant actif : on lui demandera de se lever, montrer un mot, écrire une lettre, une syllabe ou un mot, interroger ses camarades, faire les gestes Borel-Maisonny, pour lire une ligne de syllabes ou de mots jouer au « jeu du furet » ou à « je montre, tu lis », former une phrase cohérente à l’aide de grandes étiquettes de mots dans le jeu de la « phrase vivante »,…

Bonne rentrée au CP !

30 Replies to “Premières leçons de lecture”

  1. Bonjour,
    Très fan de tout votre travail dont je m’inspire très fortement pour mener ma barque!
    Félicitations et merci pour ces partages extraordinaires.
    Je voulais savoir s’il vous serait possible de me faire parvenir votre doc de synthèse sur les 36 phonèmes et leurs différents graphèmes que l’on voit sur la page de présentation 1ères leçons de lecture.
    Je vous remercie d’avance.
    Bon we.

  2. Même après 11 ans de CP je lis ton article avec intérêt 🙂 C’est tellement intéressant de s’enrichir des pratiques des autres ! Merci Chat Noir, et bon week end !

  3. Bonsoir,
    C’est toujours un grand plaisir de venir faire un tour chez toi..
    Merci!

    Peux-tu m’en dire plus le coloriage de l’abécédaire ?

    Bon weekend!

    1. Il s’agit de L’abécédaire à construire que tu trouveras sur le site Maternailes : j’ai mis le lien dans l’article.
      Mais tu peux trouver d’autres exercices à faire en autonomie.

  4. Bonsoir!!!! Je m’inspire beaucoup de votre site qui m’a été d’une grande aide! Celà va faire 3 ans que j’ai un CP et j’avoue que ce n’est pas facile tous les jours! Mais c’est un niveau que j’adore!!!!
    J’aime bien votre idée d’organisation pour la lecture: le fait de travailler en groupe. Je crois que je vais essayer, mes élèves ont du mal avec la phonologie et la combinatoire. Sans compter les élèves qui ne lisent. Je pensais justement de prendre plus de temps avec les sons consonnes du moins au début de l’année.
    Je te remercie! Tu fais un travail remarquable!!!!
    Le bonsoir de la Guadeloupe

    1. En principe, je passe 3 jours sur tous les sons consonnes en période 1 et 2 jours sur les sons voyelles, comme le conseille le guide du maître. Mais tout dépend aussi de la classe… 😉

  5. Bonjour,

    J’admire votre travail ! Je suis PES et j’utilise également la méthode Pilotis cette année. Auriez-vous les images mobiles par période comme l’indique le guide du maître? Je me suis fait avoir les 1e séances, je n’avais pas toutes les images et ça m’a un peu embêtée.

    Merci pour votre travail qui éclaire souvent ma lanterne!

    1. Bonjour Victoria, merci pour vos encouragements. Les images sont dans le coffret des images et des sons, à commander sur le site de l’éditeur.

  6. Bonjour,
    J’avais lu cette page cet été, mais quand on est la tête dedans, on ne la lit pas de la même façon. Heureusement que tu m’as redirigée par là, Chat noir, parce que mon premier son consonne me faisait un peu paniquer.
    Merci encore de ton partage d’expérience, pas seulement pour moi, mais pour mes 22 CP 😉
    À bientôt !

  7. Bonjour Chat Noir
    je viens de relire cet article (en lien avec les doc’s du mois fêtent leurs 3 ans) et je suis toujours aussi admirative de ton travail et je me rends compte que j’ai besoin de temps en temps de revenir y trouver zenitude (Ouais c’est bien comme ça que je fais!!!) mais aussi des cogitations. J’ai fait 14 ans de cycle 3 et cette année j’avais envie de ce CP CE1 mais avoir à gérer en plus un double niveau … pas évident de trouver du temps pour les « timorés » ou élèves en difficulté sur les 2 niveaux, je galère un peu et quand je me rends compte que là (lundi) j’attaque le son [r] … Bon après, je me dis qu’il vaut mieux prendre son temps en ayant bcp de ce type d’élèves dans ma classe que d’enchainer les leçons et de perdre la grande moitié de ma classe Mais c’est vrai que parfois les réponses de mes élèves me laissent pensive « lu » comme dans « radis » !!! o_O

    1. Bonjour Sophie, et merci beaucoup de suivre mon blog et de m’encourager ! 😉
      Au sujet de cet article, je voudrais préciser qu’il s’agit d’une réflexion de début d’année.
      Mais, je pense qu’il vaut mieux adopter un rythme assez soutenu d’apprentissage des sons, en moyenne deux sons par semaine et c’est ce que je fais à partir de la Toussaint. Parce que la lecture se nourrit de mots, de phrases, de textes à déchiffrer et que plus l’on dispose de sons, plus l’on a de possibilités de textes sensés à faire lire aux enfants. Quand tu n’as appris que r-a, r-o, r-i, et l-a, l-o, l-u… tu ne peux lire que Riri a lu ou Lulu a ri ! Et la lecture ne peut guère s’entraîner davantage.
      Lire des syllabes est plus difficile parfois que lire des mots qui ont un sens.
      En ce moment, on est dans une période ardue parce qu’on doit garder ce rythme soutenu et que les enfants sont en plein dans cet apprentissage de la combinatoire et de la fusion. Ils lisent lentement et comprennent difficilement ce qu’ils lisent, on relit les phrases plusieurs fois pour les rendre plus fluides et compréhensibles.
      J’imagine que c’est encore plus difficile avec un double-niveau, d’ailleurs pour l’avoir fait aussi, ce CP-CE1 est à ma connaissance très difficile à gérer, alors je te dis bon courage et à bientôt ! 🙂

    2. Merci pour ton message, tes explications et encouragements Allez tu as raison je vais prendre avec eux un rythme plus soutenu pour effectivement passer un peu plus de temps sur la phrase, déchiffrage de mots et la compréhension. Y a pas de raison avec de la volonté

  8. Bonjour,

    Après une année avec des CP-CE1, j’aurai des CP l’an prochain et j’avoue que tout le travail que tu partages, si généreusement, m’a grandement donné envie de tenter l’aventure Pilotis avec mes Loulous.
    Je me pose une question au sujet du guide maitre. On peut télécharger gratuitement le pdf sur le site d’Hachette mais j’ai vu qu’il existe un cdrom avec. Vu que le guide avec cdrom coute 31 €, j’aimerais savoir si cela vaut le coup ou pas vu que je ne connais pas.
    Encore merci pour ton travail.

    1. Bonjour,
      J’avais acheté la première version du guide du maître où ce CD n’existait pas, j’ai aussi la version pdf mais je n’ai pas eu envie d’investir dans le nouveau guide. Je ne peux pas te dire si ce CD est intéressant, mais je m’en passe ! Peut-être des visiteurs qui l’ont pourront-ils te donner leur avis ?

  9. Bonjour
    Tout d’abord merci pour ton blog que je consultais régulièrement pour trouver des idées, astuces, ressources… en mathématiques.
    Je m’intéresse aujourd’hui à ta méthode de lecture que je ne connais pas car je cherche une seconde méthode pour ma classe de GS-CP. J’ai d’abord essayé les méthodes disponibles dans ma classe : Ribambelle et Chut je lis, praticables bien sûr, mais pas convaincue…
    Cherchant une méthode plus syllabique, je me suis tournée vers Taoki que j’utilise depuis deux ans et que j’apprécie beaucoup sauf que mes GS écoutent tout ! Du coup, j’aimerais trouver une seconde méthode avec une approche du code similaire afin d’alterner et de garder un peu de suspense et de découverte.
    Pilotis a retenu mon attention car cela me semble dans le même esprit que Taoki : on ne lit que ce que l’on est capable de déchiffrer avec un très petit répertoire de mots outils indispensables, le travail de codage et d’encodage se fait en parallèle, je peux continuer à utiliser les gestes Borel-Maisonny et travailler des albums (de la méthode ou choisis) à côté.
    Aurais tu la gentillesse de me dire si je suis sur la bonne voie, est ce que tu utilises les fichiers ? Et comment les trouves-tu ? J’ai besoin de pouvoir m’appuyer sur des fichiers tout prêts, au moins pour les exercices de phono, sur le graphème, l’encodage et un peu de compréhension (j’ai souvent plus de 25 élèves et je suis déchargée une journée par semaine, je dois trouver du temps pour les deux groupes et pouvoir partager mon travail facilement).
    Y a t-il d’autres outils utiles dans cette méthode (j’ai vu une boîte d’images sur ton site) ?
    En te remerciant pour ton attention (je m’aperçois que je viens d’écrire un roman …;))
    Stéphanie

    1. Bonjour Stéphanie !
      Merci beaucoup pour ta question, il se trouve que j’adore les longues questions ! 😉
      Et comme j’ai une très longue réponse à te donner, j’ai décidé d’écrire très prochainement un article entier consacré à Pilotis, ses cahiers et fichiers, et les « plus » que l’on peut y apporter tout au long de l’année pour les élèves les plus rapides, et les autres. Je pense publier cet article cette semaine. Alors, à bientôt !

  10. Merci, merci et encore merci! J’ai un CP pour la première fois cette année. Alors certes je suis ravie mais tout ce qu’il y a à faire, à voir, m’effraie souvent. Et vraiment ton site si riche mais aussi si clair et agréable à consulter est une mine, un réconfort.

    Merci, vraiment…

  11. Merci Beaucoup pour ce guide pédagogique. Je commence « à rentrer dans la méthode de lecture » je patauge en ce moment mais grâce à tes explications , j’y adhère petit à petit….
    Merciiiiiiiiiiiiiiii

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